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La pratique du sport en entreprise

L’entreprise est un lieu où l’on peut travailler, et pratiquer une activité physique ! Le sport peut même devenir une composante à part entière du projet d’entreprise. Réaliser 10 000 pas par jour, pratiquer une activité physique quotidienne pendant au moins 30 minutes, mesurer la distance parcourue en running avec son application… Le sport est à la mode et l’entreprise ne déroge pas à cette règle.

Pas d’obligation dans ce domaine néanmoins ! La pratique du sport en entreprise, aussi bien pour l’entreprise (dans le choix et l’organisation des activités) que pour le(a) salarié(e), reste facultative et donc basée sur le volontariat. Ce(tte) dernier(ère) n’est pas obligé(e) de faire du sport sur son lieu de travail et aucune activité collective ne peut lui être imposée, pas même lors d’un séminaire ou d’une sortie “team building”.

 

Quelques chiffres évocateurs

Dès 2008, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) déclarait que les employeurs devaient s’assurer de la bonne santé de leurs employé(e)s, notamment grâce à la pratique d’une activité physique régulière.

Dans un avis publié récemment, l’ANSES (l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) met en garde contre le manque d’activité physique et de sédentarité des français(es). Selon elle, 95 % de la population française serait « exposée à un risque de détérioration de la santé par manque d’activité physique ou d’un temps trop long passé assis ».

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En 2019, 88 % des maladies professionnelles déclarées concernaient des troubles musculosquelettiques (TMS). Délétères à la fois pour les salarié(e)s et l’entreprise, les TMS se manifestent par des tendinites, des syndromes du canal carpien ou encore des lombalgies. Aussi le développement des activités physiques et sportives comme élément déterminant de la santé globale à tout âge de la vie est essentiel.

C’est un enjeu interministériel au croisement des objectifs de santé publique et de santé au travail identifiés par les derniers Plans santé au travail. Parmi les 43 % des Français déclarant pratiquer une activité physique, seuls 17 % en pratiquent une sur leur lieu de travail.

 

Sous toutes ses formes

Le sport en entreprise se décline sous différentes formes. Comprise au sens large, cette notion renvoie à la pratique d’un sport au sein même de l’établissement, mais aussi aux activités sportives organisées en dehors de l’entreprise. Elle peut désigner des cours collectifs, dispensés par un(e) intervenant(e) extérieur(e) directement sur le lieu de travail des salarié(e)s. Les séances de yoga à la pause déjeuner ou en fin de journée sont par exemple très prisées ! Elle renvoie aussi à la mise à disposition d’équipements sportifs dans les locaux de l’entreprise, avec principalement la création d’une salle de sport ou a minima d’un espace réservé aux salarié(e)s.

Quels bénéfices pour le(a) salarié(e) et l’entreprise ?

Faire du sport en entreprise, c’est tout d’abord profiter des bienfaits liés à la pratique d’une activité physique au quotidien. Les bénéfices pour les participant(e)s sont nombreux : meilleure forme physique, baisse du stress, prévention des troubles musculosquelettiques (TMS), maladies cardio-vasculaires, hypertension, sédentarité, hausse de la productivité et de la concentration… Par conséquent la pratique d’une activité physique régulière figure désormais au cœur des problématiques des employeurs car, en sus, on observe un allongement de la carrière professionnelle.

L’organisation d’activités collectives renforce par ailleurs les relations entre collègues, favorise l’entraide, la cohésion et l’esprit d’équipe. Cette amélioration du climat et du lien social dans l’entreprise profite aussi à l’employeur, dans une dynamique gagnant-gagnant.

La pratique du sport en entreprise séduit ainsi un nombre croissant d’employeurs et de salarié(e)s, convaincu(e)s de ses bienfaits. Baisse des troubles de santé et des dépenses associées, bien-être au travail, meilleure gestion du stress, renforcement de l’esprit d’équipe… Les avantages du sport au travail sont donc nombreux, tant sur le plan personnel que collectif.

 

Comment lever les freins du sport en entreprise ?

Si le sport en entreprise est en plein essor, les freins à sa pratique sont encore nombreux, du côté des employeurs (locaux non adaptés, manque de moyens, méconnaissance de la réglementation, peur des risques d’accidents…) comme du(de la) salarié(e) (manque de temps, faible diversité des activités proposées, absence de vestiaires et de douches, mauvaise communication et absence d’informations…). De plus, les salarié(e)s désireux(ses) de faire du sport dans l’entreprise sont souvent ce(lle)ux qui en font déjà à titre personnel.

Néanmoins, des solutions existent : créer une association sportive ou s’adosser à une fédération, réfléchir à des activités variées, développer l’activité physique au sens large, mutualiser les infrastructures (une salle de sport partagée par plusieurs entreprises), profiter de l’engouement suscité par les grandes compétitions sportives (coupes du monde, JO…).

 

L’organisation et la promotion du sport en entreprise

Les représentant(e)s du personnel sont appelé(e)s à jouer un rôle essentiel dans le développement et la promotion du sport en entreprise, notamment dans le cadre des activités sociales et culturelles. Ancienne attribution du CE (comité d’entreprise), leur gestion est désormais assurée par le CSE (comité social et économique) dans toutes les entreprises d’au moins 50 salarié(e)s. Parmi les missions facultatives des élu(e)s : l’organisation d’activités collectives, la recherche de tarifs préférentiels, la création d’une salle de sport…

Autres initiateur(rice)s possibles dans l’entreprise : les RH, la direction, les managers, mais aussi les salarié(e)s e(lle)ux-mêmes, qui par leur motivation et leur degré d’implication favoriseront, ou non, le succès des activités organisées. Le développement du sport en entreprise nécessite bien souvent de faire appel à des intervenant(e)s extérieur(e)s également. L’encadrement et l’expertise d’un(e) professionnel(le) sont indispensables pour certaines activités.

L’employeur, conjointement avec les représentant(e)s du personnel, peut créer une association sportive d’entreprise chargée d’organiser et d’encadrer les différentes activités proposées aux salarié(e)s. Tous les employeurs ne peuvent pas consacrer le même budget aux activités sportives de leurs salarié(e)s. Dans les structures de plus de 50 salarié(e)s, le CSE dispose de deux budgets distincts, dont un budget dédié aux activités sociales et culturelles. Celui-ci peut servir à financer les activités sportives organisées par les représentant(e)s du personnel.

 

Règles d’hygiène et de sécurité : que dit la loi ?

Le cadre juridique général continue de s’appliquer lors de la pratique d’un sport dans l’enceinte de l’entreprise : l’employeur est tenu de prendre les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale des travailleur(se)s (article L. 4121‐1 du Code du travail). Quant au CSE, il veille dans le cadre de ses fonctions au respect des règles d’hygiène et de sécurité.

Une réglementation spécifique s’applique à la création d’une salle de sport dans l’entreprise. Parmi les obligations de l’employeur fixées par le Code du sport : permettre l’accès rapide à une trousse de secours et à un moyen de communication en cas d’accident, afficher l’organisation interne des secours et les numéros des collaborateur(rice)s à contacter en cas d’urgence, afficher une copie de l’assurance de responsabilité civile de l’exploitant, ainsi qu’une copie des diplômes et titres des enseignant(e)s, animateur(rice)s et encadrant(e)s.

Qu’entend-on par la création d’une salle de sport en entreprise ? Il peut s’agir d’une salle équipée de machines de sport (musculation, fitness), mais aussi d’une simple salle, sans installations sportives, destinée à accueillir les cours collectifs dispensés au sein de l’entreprise. Dans ce cas, du petit matériel peu coûteux suffira : tapis de sol, ballons, mini-haltères… Ainsi, le décret n°2021-680 du 28 mai 2021 fixe les conditions d’exonération de cotisation applicables aux avantages liés à la mise à disposition d’équipements sportifs ou au financement d’activités physiques par l’employeur.

 

Qui est responsable en cas d’accident ?

Comme le détaille le CNOSF dans son guide juridique du sport en entreprise, la responsabilité de l’organisateur(rice) (employeur, CSE ou association sportive d’entreprise) peut être engagée lors d’un accident. C’est le cas si l’accident est causé par une faute de sa part, notamment par un manquement au devoir d’information et d’encadrement ou par une défaillance dans l’organisation de la sécurité et des secours. À noter que les organisateur(rice)s d’activités sportives ont une obligation de moyens et non de résultats : ils doivent tout mettre en œuvre pour écarter le risque d’accident mais leur responsabilité ne sera pas systématiquement engagée en cas d’accident. Le(a) participant(e) joue un rôle actif dans la pratique de l’activité et peut être seul(e) responsable de l’accident survenu.

 

Des bienfaits aussi pour l’employeur

En mettant le sport en avant, l’entreprise s’assure une meilleure productivité et réduit l’absentéisme au travail. Selon les différentes études, la productivité d’un(e) salarié(e) pratiquant une activité sportive augmente de 6 à 9 %. En parallèle, le sport en entreprise permet de gagner en termes de concentration, d’esprit d’équipe et de dépassement de soi.

La pratique sportive a d’abord été considérée comme l’un des moyens de contrecarrer les possibles effets délétères du travail. Cette prise de conscience s’est vue renforcée par l’arrivée de la qualité de vie au travail (QVT). Originaire des États-Unis, le « team building » est par exemple un concept de plus en plus adopté par les entreprises. L’ambiance au bureau est la principale source de bien-être pour un(e) salarié(e). Utilisé comme un instrument de management, le sport en entreprise améliore la convivialité au travail. Il permet de souder les équipes en se fixant des motivations et des objectifs communs. Les échanges permettent d’augmenter les liens et la solidarité du groupe.

 

Capitaliser sur son image et sa RSE

En améliorant le bien-être des employé(e)s et la qualité de vie au travail, le sport en entreprise répond aux enjeux de la RSE. Il devient par là un élément de la marque employeur.

La tendance est dans l’amélioration de l’environnement de travail des collaborateur(rice)s. Une société en phase avec son temps est une entreprise où il fait bon vivre ! Cela passe par l’aménagement des locaux, des séminaires professionnels mais également par le sport au travail. L’entreprise doit en effet s’impliquer dans le bien-être de ses salarié(e)s si elle souhaite soigner son image d’employeur. L’objectif est de recruter des nouveaux talents et de fidéliser les anciens.

Le sport en entreprise répond à cette problématique en permettant d’entretenir le bien-être, et la motivation des salarié(e)s actuel(le)s tout en attirant des nouveaux profils.

 

Sport et exonération des cotisations sociales

Pour encourager les entreprises à normaliser le sport en entreprise, le décret n°2021-680 du 28 mai 2021 permet l’exonération de cotisations et de contributions sociales aux entreprises (même celles dotées d’un Comité social et économique) qui favorisent la pratique du sport pour leurs salarié(e)s, quel que soit leur contrat de travail, à une exception près : les abonnements individuels à des cours de sport. Les exonérations concernent :

  • la mise à disposition d’une salle de sport appartenant ou louée par l’entreprise
  • la mise à disposition de vestiaires et de douches
  • la mise à disposition d’un matériel sportif
  • le financement de cours collectifs d’activités physiques et sportives
  • le financement d’événements ou compétitions de nature sportive

 

Enfin, la somme de l’avantage constitué par le financement par l’employeur de prestations d’activités physiques et sportives est exonérée, dans la limite annuelle de 5 % de la valeur mensuelle du plafond de la Sécurité sociale, multipliée par l’effectif de l’entreprise.

 

10 initiatives pour démocratiser le sport en entreprise

1. Associer les collaborateur(rice)s

Pour mettre en place une stratégie efficace, la meilleure chose à faire est de faire appel aux collaborateur(rice)s pour connaître leurs envies. Quels sports les attirent ? À quelle fréquence souhaitent-il(elle)s le pratiquer ? Quelles sont leurs contraintes horaires ?

2. Proposer des coupons sport à vos salarié(e)s

À l’instar des chèques vacances, les coupons sport sont des bons de 10,15 ou 20€ à offrir pour payer des cours de sport ou une adhésion à une association sportive. Valables deux ans, ils sont à retirer auprès du CSE.

3. Installer des vestiaires et des douches dans les locaux de l’entreprise

Si vous voulez motiver vos troupes à faire du sport, il faut évidemment penser à leur proposer un espace pour pouvoir se changer et se doucher après une bonne séance de transpiration.

4. Créer une salle de sport

C’est certainement la mesure la plus ambitieuse pour inciter au sport en entreprise : disposer d’un véritable espace fitness au sein de l’entreprise. Attention, la mise en place de cette salle exige de garantir la sécurité de vos équipes et doit respecter des conditions d’hygiène irréprochables comme le stipule l’article L4221-1 du Code du Travail (lire plus haut).

5. Organiser des cours hebdomadaires

Vous pouvez proposer des séances (le matin, à l’heure du déjeuner ou le soir, en fonction des préférences) pour organiser des cours de yoga, de pilates, de renforcement musculaire etc. ainsi que des cours adaptés aux salarié(e)s en situation de handicap. Pour cela, il faudra évidemment budgéter le coût d’une prestation de sport en entreprise par un coach. Les tarifs, entre 60 et 100€ de l’heure, dépendent évidemment de l’activité pratiquée, du nombre de cours et des salarié(e)s participant(e)s.

6. Proposer des formules d’abonnement à une salle de sport

Si vous n’avez pas la possibilité de proposer à vos équipes des salles in situ, vous pouvez leur proposer des abonnements grâce à des tarifs négociés par le CSE.

7. Développer des partenariats

Mutualiser un espace, négocier avec les mairies et associations pour avoir accès à des salles municipales à un moindre prix. Il est même possible de s’associer à une marque pour équiper vos équipes à un moindre coût en échange d’un relais sur les réseaux sociaux.

8. Favoriser l’utilisation du vélo

72 % des actifs vont travailler en voiture même pour des trajets inférieurs à 1 km ! Pour les entreprises dotées d’un petit budget, pourquoi ne pas encourager vos équipes à abandonner leur véhicule et opter pour une mobilité douce ? Une prime pour faciliter l’achat d’un vélo est possible.

9. Participer à des évènements sportifs

Tenez-vous au courant des manifestations sportives régionales et nationales et encouragez vos collaborateur(rice)s à y participer. C’est une belle occasion de partager leurs efforts via les réseaux sociaux. Et si certains collaborateur(rice)s se sont entraîné dur tout au long de l’année pour s’aligner sur un grand évènement sportif (marathon), vous pouvez prendre en charge leurs frais de déplacements et ainsi célébrer leurs efforts en interne.

Le sport en entreprise, c’est également l’organisation de compétitions internes ou interentreprises (tournois de foot, de ping-pong…) ou l’inscription collective à des manifestations sportives (courses et marathons pour les plus sportif(ve)s). Il peut enfin s’agir d’une participation financière de l’employeur aux activités sportives du(de la) salarié(e) et de sa famille : remboursement partiel d’un abonnement de sport, tarifs préférentiels…

10. Créer une association sportive d’entreprise

Pour les plus ambitieux, il est également possible de former une association sportive d’entreprise, à but non lucratif, pour encourager la pratique d’un sport au sein de l’entreprise.

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